ASSOCIATION ECRIVAINS HUMANISTES DU BENIN

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La sagesse des vers, le livre de la semaine

‘’La sagesse des vers’’, le devoir d’espoir…

 

La sagesse des vers est un recueil de poème de Gildas OUNSOU. Il est professeur des lycées et collèges du Bénin. Mordu par les muses, Gildas OUNSOU ne rêve que de mettre les vers au service de l’épanouissement de l’homme. Il s’était déjà attelé à ‘’donner des conseils’’ à de jeunes couples, en publiant  La vie en amour, un premier recueil où la vie éprouve l’amour. Dans ce deuxième répertoire de poèmes, 26 textes poétiques de formes variées cohabitent, se complètent et se partagent les pages du livre.

Le titre est évocateur de la mission dont se sent investi l’auteur du recueil. La sagesse des vers. Quand on parle de sagesse, on parle de lumière d’esprit. On parle de savoir, compris à la fois comme art et habileté, mais aussi comme politesse, élégance, et donc bonne éducation morale et civique. C’est justement de dernier aspect qui prédomine dans le recueil où l’auteur entend à la fois dénoncer certaines habitudes hypocrites mais aussi et surtout à faire connaitre, à mieux éduquer. D’ailleurs le premier texte du recueil, Des vers, semble bien nous éclairer là-dessus. L’auteur s’attribue comme moyens, les vers, à partir desquels il veut construire, ou si vous le voulez, reconstruire le monde, la société à sa façon. Cela me permet de déboucher sur ce dont nous parle ce recueil.

Cette vie…si simple et si…vaine…

Il est évident qu’un livre est avant tout pour passer un message, qui tient le plus souvent à cœur à son auteur. Gildas OUNSOU tient dans la norme et part de constats pour déboucher sur des exhortations, en passant par des enseignements.

 Des constats :

Il constate que la vie n’est pas aussi simple et facile comme on l’aurait bien aimé. L’idée de ses peines endurées rien que pour sortir son recueil de poème n’en est qu’un témoignage suffisant. ‘’J’ai cotisé pendant une dizaine d’année avant de pouvoir sortir ce recueil. Je suis enseignant de lycées et collèges. Et vous savez ce que cela veut dire au Bénin’’, confiait-il un jour au journaliste chroniqueur. Les peines succèdent aux difficultés, et l’on a en fin de compte cette impression que rien ne bouge, que l’on fait du sur place, même si nous avons l’illusion d’avoir évolué, d’avoir ‘’grandi’’. En quelques mots, c’est un éternel et pénible recommencement. Mais chose tout aussi curieuse qu’inattendue, le poète constate qu’en dépit de cette nature hostile et immobile, cette vie vaut bien la peine d’être subi. Ainsi va la vie (page 10), conclut t-il, impuissant et résigné, ou peut-être même faussement expectant. Evidemment, il n’y a pas que la vie pour être si constante. Les hommes aussi, même s’il reconnait qu’eux au moins, ont cet intérêt d’être à la fois eux-mêmes et leur contraire. C’est le sel même de la nature humaine. Tous les hommes se ressemblent, en même temps qu’ils sont différents les uns des autres (Humains, page 11). Cette nature contrastée, c’est en même temps le masque adéquat que l’homme se paie de plus en plus, pour se cacher à l’homme. Le cœur se ferme aux autres, c’est alors que le poète dénonce une hypocrisie généralisée au sein de la société humaine. Le paraitre, l’extérieur, le m’as-tu-vu, devient la règle numéro un de conduite.

Des exhortations :

Il est vrai que la vie est hostile, et plus encore quand on pense aux hommes. Mais Gildas OUNSOU nous recommande l’espoir. Garder espoir, parce que Elavagnon, demain sera meilleur (mina, langue maternelle de l’auteur). Et pour être plus complet, être Béninois comme les Béninois, nous encourage à la culture de la paix.

Des enseignements :

Il nous apprend que la terre bien remuée, ne ment jamais. Le grand coiffeur est un texte à l’honneur du paysan. Le Bénin repose sur la force des bras de cet homme, souvent perdu au fond d’un brousse, dans une contrée quelque part où il s’échine à faire reconnaitre par l’humanité, que la terre est nourricière, ici ou ailleurs. Courbé à longueur de journée, avec des outils aratoires d’une autre ère, il nourrit le monde plus qu’il ne se nourrit, sans une reconnaissance sincère et franche de son sacrifice. En a-t-il vraiment besoin ? Sûrement pas, puisqu’il a compris avec l’auteur de ce recueil de poème, et le concède volontiers, qu’honneur et gloire ne sont que futilités pour les esprits qui aspirent à la grandeur. Et grandeur, ce n’est point lié à des choses de ce bas-monde. Ici sur terre, vanité des vanités, tout est vanité. Et la mort, chose la plus sûre et présente à l’esprit de tous, est l’unique vérité dont on peut être certain. C’est un appel à la méditation. (Ma vérité page 25).

 

Quelles structures et richesses poétiques ?

Nous avons des poèmes hymne (La volonté du peuple, page 19, qui est aussi le zeste de patriotisme que l’auteur affecte à cette œuvre), des poèmes-contes, ce que d’autres appelleraient sous d’autres cieux des fables (l’homme et son ami, P. 12, qui un conte sur les origines de l’hypocrisie que l’homme entretien vis-à-vis de son semblable).

Il y a ce contraste des images dans Mon école. Ici, châtiment corporel rime avec bonheur, mélodie et affranchissement. Et c’est justement là où, les images se contredisent. Pour ceux qui n’ont pas connu les lanières, les coups de taloche et autres menus châtiments, pour les détracteurs du châtiment corporel à l’école, ce poème est une provocation. C’est le deuxième poème du recueil et c’est à la page 08.

Le poème dit ceci :

Le coup du précieux maitre part.

Du haut vers de braves mains ; par

La fenêtre, on le voyait. Pah !

Offrait des pleurs mélodieux par

La bonne école où j’ai pris part

A ce rituel formateur de Pah.

Pah éveille la conscience,

Pah enseigne la vie-souffrance,

Pah inculque la persévérance

Pour franchir la vieille enfance

Le maitre est précieux ici seulement qu’il donne des coups. De ce fait, son nom est pah (Pah, onomatopée pour désigner le bruit que fait justement le coup qu’on donne dans la main ou n’importe où sur le corps. Ces châtiments sont pour le poète un rituel formateur. Ce sont ces châtiments qui affranchissent l’enfant. Dans ce cas, on ne voit pas l’image de l’école sans ces coups précieux. C’est un endroit non de supplice comme le laissent croire ceux qui sont contre les châtiments corporels mais un lieu de constructions civiques et morales et donc, où on a besoin de tous les types de pièces de rechanges et de tournevis, pour que l’individu civique soit bien monté pour servir sa nation.

Thanguy AGOI.



13/09/2013
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