ASSOCIATION ECRIVAINS HUMANISTES DU BENIN

Le Bénin dans tous ses états : un livre particulier, un titre équivoque, un contenu spécial.

Le monde des livres s’est encore élargi. Mais le bouquin qui enrichit ainsi les rayons de librairies et bibliothèques de Cotonou et du Bénin, est à la fois spécialisé et ouvert, puisqu’il parle de journalisme (l’actualité par des interviews) et d’informations (l’actualité vue par des experts et personnalités variées). C’est d’ailleurs ce qui me fait dire qu’il est bien particulier.

C’est un document pour marquer les 12 mois de vie du journal ‘’Le label ‘’. Le label est un journal essentiellement dirigé par des femmes, et je vais y revenir, qui a adopté le principe de faire du journalisme rien que par l’interview. Ce livre récapitule une soixantaine d’interviews réalisées par ces femmes tout au long de l’année écoulée, donc la première année de vie de ce journal. Ce sont des articles répartis en 05 grandes rubriques (Politique, économie, société, sport et culture) qui sont dans ce livre et qui permettent de retracer une année d’actualité vue par diverses personnalités, experts, professeurs et bien d’autres. J’ai dit tout à l’heure que ce sont des femmes qui animent ce journal qui est fait rien que d’interviews. Vous vous êtes certainement demandé si c’est une sorte de sélection misandre. C’est juste un concours de circonstances, d’après Dorice DJETON, cette femme battante qui est à la tête de l’équipe, composée de quatre personnes. Mais ce qui devrait beaucoup plus retenir l’attention ici, c’est l’option du journalisme rien que par l’interview. Ces jeunes dames se sont données comme tâche en effet, d’aborder et de traiter l’actualité au jour le jour, par l’interview. Leur procédé est d’accorder la parole à des experts et personnes ressources choisis sur des critères spécifiques et essentiels de compétence, afin qu’ils s’expriment à chaud sur un fait marquant de l’actualité du mois.  

Dorice DJETON apprend que c’est une façon ‘’des quatre’’ de faire du journalisme en se démarquant de ce qui existe déjà. Ce journal est donc spécialisé dans la réalisation des interviews.  Mais à cette option singulière, il faut ajouter le travail d’art qui entoure le titre même du livre. Le pari est perdu d’avance quand, en vous fiant au titre, vous voulez pronostiquez sur le contenu.  

Le Bénin dans tous ses états peut nous faire penser à l’ensemble des moments de fébrilité et de crises qui ont secoué ou perturbé le cours normal des choses. Je pense par exemple aux grèves qui défigurent l’école, aux problèmes économiques connus par le passé, à la crise des réformes et des valeurs avec ses scandales financiers, les polémiques que soulevaient à un certain moment les décisions de la cour constitutionnelle et bien d’autres. On peut s’attendre donc à voir dans ce livre le Bénin dans ses moments d’agitations, de tourments économiques ou politiques, le Bénin secoué par des spasmes et autres crispations.

Ce titre suggère aussi une autre idée du contenu probable du livre, celle des clichés temporels, pris à des moments précis et qui révèlent l’évolution du Bénin suivant des périodes, des temps donnés et bien définis. On peut y voir alors, le Bénin sous divers angles, diverses rubriques, suivant plusieurs paramètres. Pour tout dire, après avoir lu bien évidemment, je me rends compte que le contenu est un condensé de ces deux sens que lui prête d’entrée son titre. Justement, parlant du contenu, de nombreux sujets sont abordés dans ce livre par des acteurs variés :

La politique :

ü La question de la révision de la constitution avec l’avis du docteur Gilles BADET ;

ü La question du nettoyage du fichier électoral abordé dans l’entretien accordé par Urbain AMEGBEDJI de la société civile ;

ü Ou même le bilan des 20 ans de la Cour constitutionnelle, dressé par l’ancien président de cette institution de la république, qui aura prononcé le premier K.O en 2011, Maître Robert DOSSOU.

L’économie

ü Vous avez l’avis de l’économiste Félicien ACCROMBESSI sur l’auto-emploi pour résoudre la question de l’emploi des jeunes. Il y explique un peu ce qui bloque les jeunes à s’engager dans cette voie.

ü Vous découvrez tous les visages des pratiques sociales anti-économie avec le sociologue Albert TINGBE-AZALOU

ü Vous abordez avec Jean-Baptiste ELIAS l’éternelle question qu’est la corruption, qui se complique chaque jour davantage. Le président de l’OLC n’y a pas perdu de sa verve traditionnelle sur le sujet.

Sport, culture et société

1. 1.  Le professeur Albert AKOHA nous apprend qu’il y a un pont inévitable entre langues nationales et développement.

1. 2.  L’inspecteur de l’enseignement secondaire, Apollinaire AGBAZAHOU fait un diagnostic du mal qui ronge l’école béninoise et la fait chanceler. On retient en substance que trois mots maltraitent et compromettent l’avenir de l’école béninoise : ‘’politisation à outrance, syndicalisme sauvage et enseignants peu qualifiés’’.

L’évidence et la pertinence de cet ‘’examen médical’’ nous montre quelque peu la profondeur des analyses, des observations et des conclusions des personnes interviewées par le journal le Label, et dont les articles sont récapitulés dans ce livre, qui en fait est un premier volume d’une série à venir. C’est pourquoi, la particularité du livre est  soulignée à nouveau puisqu’il présente des intérêts multiples et très diversifiés. Il est à la fois un livre :

ü sociologique (il aborde la dimension sociale de la corruption),

ü  historique, (il fixe dans le temps les évènements et les réactions, les appréciations à chaud des acteurs importants de la société. N’oubliez surtout pas que le journaliste est un historien du présent.)

ü culturel, puisqu’il nous apprend à voir nos langues comme étant des vecteurs et passages inévitables vers le développement.

ü éducatif, instructif et pédagogique. Puisqu’il nous apprend beaucoup de choses sur l’école en général, la vie en société et le comportement de notre société sur un temps et à un moment donné.

Thanguy AGOI