ASSOCIATION ECRIVAINS HUMANISTES DU BENIN

Les Sanglots politiques est un roman politique ayant dépeint les mœurs politiques de l’Afrique contemporaine.

L’action de ce roman se passe dans un pays imaginaire, dénommé : Rokambo, avec comme village Tangbo, sans autre précision sur sa localisation géographique. Mais reconnaître l’origine de l’auteur qui est un Africain, de surcroit, un Béninois nous amène à dire que l’action du roman se déroule au Bénin : l’un des pays sous-développés de l’Afrique.

Cette action se déroule sur deux plans : c’est d’une part, l’histoire de Monsieur Drogo Gaspard un opportuniste peu vergogneux ; d’autre part, au-delà de cette aventure politique et à travers divers éléments qui jalonnent ce roman, c’est toute une société que l’auteur nous présente sur une période donnée : celle de l’instauration des régimes totalitaires dans la plupart des Etats africains issus de la décolonisation et des conditions qui favorisent le maintien et la pérennité de ce système politique. Cette société est composée des personnages que sont les fonctionnaires, les ouvriers, les paysans, les chômeurs, et le parti unique révolutionnaire, dirigé par le Général Dada Voudou 1^er, le Président de la République Socialiste et Démocratique du Rokambo.

En effet, dans Les Sanglots politiques, tous les personnages, excepté le Général Dada Voudou 1^er, Monsieur Drogo, le numéro 2 du régime, les membres du gouvernement, vivent un univers douteux, dénudé de tout espoir sous la direction dictatoriale de Monsieur Drogo, membre influent du parti unique et ministre redouté de ce régime de dictature.

Monsieur Drogo est un arriviste au pouvoir, qui de part sa ruse et son influence, a pu instaurer un système de règne sauvage pour mieux écraser le peuple. Il commet des erreurs très graves au nom et à l’insu du Président Dada Voudou 1^er. Rien  n’était de trop pour lui pour parvenir à ses fins : l’intimidation, l’arbitraire, l’abus de pouvoir, le mensonge et l’adulation du chef étaient ses principales armes dans la conquête du pouvoir.

Dans la République Socialiste et Démocratique du Rokambo, tous les maux tels que : la dictature, la corruption, l’incompétence du gouvernement, la gabegie, la torture, l’injustice, la mauvaise gestion, la violation des Droits de l’Homme etc. règnent en maître. Le pouvoir en place affame le peuple, il doit des arriérés de salaire aux fonctionnaires, mais trouve des moyens pour entreprendre des périples de longues durées.

Les Sanglots politiques présente en vérité un univers assez pervers et vicieux, où, seul, le numéro 2 du régime, Monsieur Drogo a le droit de vie et de mort sur le peuple. En effet, affecter un fonctionnaire d’un département à un autre, ou l’incarcérer pour pouvoir lui ravir sa femme, aduler le chef pour pouvoir rester dans ses bonnes grâces et commettre des pires bêtises impunément, est un art pour Drogo. De jour en jour, la situation se complique d’avantage dans la République Socialiste et Démocratique du Rokambo. Le peuple affamé et excédé se soulève. Il eut alors la conférence des Forces Vives de la Nation pour sortir le Rokambo de l’impasse. Le Rokambo venait ainsi de passer d’un système politique à un autre. C’est-à-dire, de la dictature à la démocratie. Une nouvelle page venait d’être tournée au grand dam de tous les Rokambolais. Mais hélas ! car, au lendemain de la Conférence Nationale, Monsieur Drogo se met encore à chanter les louanges du nouveau président de la République. Ce dernier séduit par son discours, le nomme, malgré son passé politique douteux, premier conseiller, au grand étonnement du peuple.

Les Sanglots politiques, est un véritable compte rendu de la période dictatoriale vécue par les Béninois. C’est un diagnostic des maux qui minent le Bénin, fait par cet auteur. Mieux, c’est une peinture franche et réelle faite par Edgard Okiki ZINSOU dans un style charmant et élégant, qui dénote d’une maîtrise certaine de la langue française. L’humour et l’hyperbole, sont ses principales figures de discours par lesquelles, il restitue son message. On a du plaisir à lire, et les différents thèmes abordés dans l’œuvre, retracent parfaitement et précisent clairement à tout lecteur, le destin catastrophique auquel les nouveaux dirigeants béninois ont soumis le Bénin.

En définitive, Les Sanglots politiques, est un roman d’engagement politique, dans lequel, Edgard Okiki ZINSOU situe, très clairement la responsabilité des différents chefs d’Etat dans la destinée du Bénin. C’est un fin observateur du monde politique béninois qui a passé au peigne fin, tous les dérapages du monde politique, de la période révolutionnaire à nos jours. Pour cet auteur, la démocratie n’a pas véritablement changé grande chose. La Conférence Nationale semble avoir été une escalade dans le vide. Car, les mêmes maux persistent de miner la politique et les mêmes hommes politiques ayant fait le malheur et la misère du peuple dans le passé, reviennent encore pour aduler les nouveaux chefs afin de rester dans leurs bonnes grâces. Et c’est cela la politique au Bénin. Personne n’aime dire la vérité au Chef, au risque peut-être de perdre le poste que l’on occupe. Il faut donc lui mentir, chanter ses louanges etc.

Edgard Okiki ZINSOU, dans son Epilogue dira ceci pour achever son œuvre, Monsieur Drogo est parti… Vous vous réjouissez. Mais…il reste sans doute encore des milliers d’autres Drogo tapis dans l’ombre, naseaux au vent, guettant la bonne direction du vent, et prêts aussi à éclater en sanglots politiques. Et comme l’on doit s’y attendre, Les Sanglots politiques ne sont rien d’autre que de faux sanglots, de fausses larmes qui coulent des yeux d’un crocodile malin et rusé. C’est de la pure hypocrisie des opportunistes.

                                Cotonou, le 11 Juin 2012                                                         

                                                                          Robert ASDE

                                                  Technicien Supérieur d’Action Culturelle